Préserver l’illisible : présences de Sholem Shtern dans la vie littéraire canadienne

  • Pierre Anctil

Abstract

Throughout the twentieth century, Canada was a land of refuge for a large number of immigrants from the four corners of the world. Once they had settled in this country and formed cultural communities, these newcomers often generated important literary and artistic trends in their own languages, and these movements reflected both concern with the survival of their identity and adaptation to new Canadian circumstances. The artistic journey of artists who hailed from these communities has gained greater significance today, as we have come to realize that their work informs us on the openness of Canadians to diversity. However, this body of work is either captured in many different languages – and quite often, not in either official language – or it makes use of lesser known artistic media. For these reasons, this corpus often eludes the large institutions mandated to constitute and to preserve Canadian archives. This text examines the case of Yiddish writer Sholem Shtern, who emigrated from Poland in 1927 at the age of twenty, and who published many collections of poetry and essays in Canada, in the Yiddish language. Shtern campaigned vigorously in Montreal and elsewhere in North America to include Yiddish writing in the life of his community, and by so doing, to promote a certain ideal of social justice. The personal archives of the author, which were deposited at the National Library of Canada (now Library and Archives Canada) shortly after his death in 1991, raise all kinds of questions relating to the preservation of the immigrant memory and to the literary lives of cultural communities who do not express themselves in either official language.

 

RÉSUMÉ
Le Canada a été tout au long du XXe siècle, une terre d’accueil pour un grand nombre d’immigrants venant des quatre coins du globe. Une fois installés au pays et regroupés en communautés culturelles, ces nouveaux arrivants ont souvent donné naissance, dans leur langue patrimoniale, à des courants littéraires ou artistiques importants qui reflétaient à la fois des préoccupations de survie identitaire et d’adaptation aux nouvelles circonstances canadiennes. Le cheminement des créateurs issus de ces communautés prend aujourd’hui une grande valeur du fait qu’il nous renseigne sur l’ouverture des Canadiens à la diversité. Or ce corpus disponible dans plusieurs langues, la plupart du temps nonofficielles, ou via des médias artistiques peu usités, échappe la plupart du temps aux grandes institutions chargées de constituer et de préserver les archives canadiennes. Ce texte explore le cas de l’écrivain yiddish Sholem Shtern, immigré de Pologne en 1927 à l’âge de vingt ans et qui a publié au Canada plusieurs recueils de poésie et des essais en langue yiddish. Shtern a milité très fortement à Montréal et ailleurs en Amérique pour inscrire l’écriture yiddish dans la vie de sa communauté et pour promouvoir du même coup un certain idéal de justice sociale. Déposées à la Bibliothèque nationale du Canada (aujourd’hui Bibliothèque et Archives Canada) peu après sa mort en 1991, les archives personnelles de l’auteur soulèvent toutes sortes de questions relatives à la préservation de la mémoire immigrante et à la vie littéraire des communautés culturelles de langue non-officielles.

Author Biography

Pierre Anctil
Natif de Québec, Pierre Anctil détient un doctorat en anthropologie sociale de la New School for Social Research, New York, 1980, et a fait un stage postdoctoral au Département d’études juives de l’Université McGill, 1988−1991. On lui doit plusieurs études historiques sur la communauté juive de Montréal et sur le contexte pluriethnique montréalais, dont des traductions du yiddish au français d’ouvrages rédigés par des immigrants juifs dans la première moitié du XXe siècle. En 2008 il a été récipiendaire d’une bourse Killam pour un projet de recherche intitulé « Parcours migrant, parcours littéraire canadien, le poète yiddish Jacob-Isaac Segal ». Parmi ses publications sur le thème juif on trouve : Saint-Laurent, la Main de Montréal (2002); Tur Malka, flâneries sur les cimes de l’histoire juive canadienne (1997); et Le rendez-vous manqué : les Juifs de Montréal face au Québec de l’entre-deux-guerres (1988). Parmi ses traductions les plus récentes on compte : Nostalgie et tristesse, mémoires littéraires du Montréal yiddish, une traduction partielle de l’ouvrage du mémorialiste Sholem Shtern, avec présentation et commentaires (2006); Lekhaim! Chroniques de la vie hassidique à Montréal, traduction d’un recueil de nouvelles rédigé en anglais par Malka Zipora (2006); et Cent ans de littérature yiddish et hébraïque au Canada, dictionnaire biographique de Haim-Leib Fuks (2005).
Published
2009-07-23
How to Cite
Anctil, Pierre. 2009. “Préserver l’illisible : Présences De Sholem Shtern Dans La Vie littéraire Canadienne”. Archivaria 67 (July), 63-85. https://www.archivaria.ca/index.php/archivaria/article/view/13209.
Section
Special Section on Taking a Stand!: Activism in Canadian Cultural Archives